• Je ne veux pas l'avoir trop près de moi, je sais que je tomberais irrémédiablement amoureuse de lui si c'était le cas. Et s'il y a bien un truc vrai à son propos, c'est qu'il est littéralement tout ce que je dois éviter. Il me fait peur. Il m'énerve. Il est trop différent.

    Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de lui. En même temps, je le trouve profondément attirant, et à la fois, il me fait peur avec ses accès de domination. Je dois l'admettre, oui : il me fait peur. J'appréhende. J'ai peur qu'il ne sache se contrôler et même si je ne doute pas de sa capacité à respecter mes limites, j'ai peur que dans le feu de l'action, les signaux de mon non-consentement échappent à sa vigilance.

    Mais en même temps, j'ai envie de lui, de manière réellement primaire. Je le trouve beau, intelligent, réconfortant. Et j'ai conscience de tous ses moindres défauts, jusqu'au dernier.

    D'ailleurs, je suis profondément convaincue que ce grand mythe selon lequel l'amour rendait aveugle est profondément faux. La passion malsaine et/ou juvénile, sans doute. Mais le véritable amour ne l'est que dans l'ultime appréciation des défauts de l'autre.

    Je vois cela comme une consécration même de la notion d'individu. Une véritable narration sociologique. Nous sommes un ensemble de noir et de blanc, et c'est cet ensemble qui, pris en vision macro, nous rend aimables par autrui.

    L'amour dans ma définition, n'est que l'ultime, la consécration même de la vérité.

     


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  • Novembre.

    Ai-je déjà parlé de ma passion invétérée pour ce mois si précieux à mon inspiration ? Il ne suffit que de jeter un œil rapide à la chronologie des nombreux articles de ce journal intime pour constater que novembre tient une place particulière dans l'expression des émotions de mon intellection.

    Mais novembre n'incarne pas uniquement le doux souffle de mon esprit émeutier. Il est tout autant le mois le plus propice à ma propre introspection, - à mes propres introspections -. Les premiers vents de l'hiver lèvent, avec eux, le besoin invétéré de dresser le bilan. 

    Le bilan, en cette fin d'année 2022 s'en trouve plutôt chargé. S'il fallait le résumer en un terme unique, et suffisamment compendieux, j'admettrais volontiers qu'il s'agirait du renversement, du bouleversement.

    Le bouleversement, de manière profondément intrinsèque, n'incarne rien de plus que la carte de la Tour au tarot ; il est substantiellement impossible de le circonscrire dans aucun manichéisme. Le bouleversement ne s'intéresse non pas aux moyens, mais aux fins. Le bouleversement ne se manifeste qu'au travers les fins ; il est l'état qui résulte de l'ébranlement des moyens. 


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  • Bonjour cher journal,

    J'ai récemment retrouvé un petit extrait intéressant daté de 2017, compilé dans un journal laissé à l'abandon.

    Il raconte des parcelles de mon dernier voyage en Algérie.

    Attention : certains passages émanent des relans de white feminism, voire de prétentions néo-colonialistes ce que je condamne bien sûr aujourd'hui. 

    Bonne lecture !

     

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    31/07/2017 - A bord - 21h50

    Me voilà dans l'avion. En réalité, cela m'avait indubitablement manqué. Cette mini-attaque quand l'avion tremble lors du décollage, l'émerveillement général que la bête technologique s'élance vaillamment au-dessus des nuages ; dominant même les plus dangereux cumulonimbus de la tempête divine.

    Un voyage en avion constitue à chaque fois une petite épopée que je suis particulièrement euphorique de traverser.

    J'adore voyager. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Découvrir de nouveaux visages, une nouvelle culture, voilà l'expérience la plus enrichissante qu'il puisse être.

    J'ai un goût exacerbé et indubitable pour l'aventure et une fascination inexorable pour le danger. Voilà des choses qui me font vibrer. L'action transcende tout en moi, et c'est sans aucun doute ce qui rend une vie beaucoup moins maussade et ennuyeuse.

    D'une certaine façon, il me tardait de retourner en Algérie. Les gens y sont si différents. Le conservatisme et la religion dominent de façon général la vie des algériens. Bien qu'il s'agisse de tout ce que je méprise et condamne, je trouve au sein de leurs demeures un calme chaleureux : le rythme de la vie des femmes bat au coup des enfants et des bons petits plats ; celui des hommes aux allées et venues dans l'étrangeté de la ville. Les conversations sont animées et passionnantes. 

    Le pays est encore en proie à une indubitable instabilité politique, mais il naît de ce chaos économique, un réel affranchissement de tous les codes sociaux et des stéréotypes moralisateurs. Puisse l'Algérie ne jamais ressembler au Maroc et à la Tunis, là où l'Occident a pris une résonnance assourdissante. Ainsi pourra-t-elle garder son charme originel.

    L'Algérie a un potentiel immense et j'espère un jour voir ce sublime pays prospérer et étendre son influence sur les cinq continents. 

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    05/08/17 - A Birkhadem (at home) - 10h06

    Je viens tout juste de revenir de chez ma tante Zahia. Son immense maison aux allures de palace n'avait, auparavant, jamais constituée de quelconque fracture. Je n'avais jamais réfléchi à quel point cette petite société embourgeoisée qui logeait dans ces quatre étages était profondément dysfonctionnelle et déconnectée. Mais elle l'est, indubitablement.

    Les journées des filles quadragénaires Soumiya et Khadidja ne sont qu'un cocktail ennuyeux de nettoyage inutile et d'allées et venues dans l'immense demeure. La façon dont les femmes sont traitées, particulièrement dans ma famille, me révulse au plus au point. Puissent-t-elles, pour se rendre indispensables, faire briller le pot de chambre, le comptoir, préparer des plats de qualité acceptable et un thé pas trop sucré.

    Bien sûr, elles peuvent s'instruire, car comme ma mère semble fière de le répéter - prétendons qu'il s'agit d'une caractéristique exclusive -, l'Algérie oblige filles comme garçons aux bancs de l'école. Mais pour celles qui ont la chance de fréquenter l'université, il leur sera ensuite omis de travailler.

    Et quand on les interroge sur le pourquoi du comment d'une telle situation, elles hochent la tête, comme si tout cela était censé constituer un quelque chose normal.

    Et quand Soumiya et Khadidja gravissent les innombrables marches en granit, elles rêvent de liberté, en dehors de ces murailles à l'ostentatoire richesse ; la liberté au bout des doigts entre le marteau balai et l'enclume.

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    15/08/2017 - A Birkhadem (at home) - 00h06

     "A demain d'un autre jour"

     C'est ce que me murmura Amina dans l'oreille, la voix grésillante à cause des sanglots. Il n'y a que peu de personnes fondamentalement bonnes dans ce bled merdique et il est sans appel que ma cousine en fasse réellement partie.

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  • (Ecrit le 21/09/2021)

    Cher journal,

     

    Voici quasiment deux ans que je ne me suis pas épanchée. Beaucoup de choses ont changé depuis. Ma vie a pris un tournant aussi douloureux que salvateur. J'ai encore du mal à me positionner et à prendre du recul pour l'instant, mais je sens que je grandis. Je sens que certaines choses ne sont plus pareilles, que certaines de mes réactions se sont timorées ou à l'inverse, ont explosé.

    La seule chose que je sais, c'est que je suis à un moment important de ma vie. A un tournant dont je ne connais pas encore les conséquences.

     

    Me voilà à vous écrire alors qu'il est 5h17 du matin et que je dois me lever dans moins d'1h30. Je sais que la matinée à suivre va être difficile car c'est le jour de ma rentrée. 

    Tellement de choses ont changé depuis la dernière fois, non seulement dans ma propre petite vie mais également dans le monde entier. La population fait en effet, depuis deux ans, les frais d'une pandémie aux proportions de notre contemporanéité. Déstabilisante.

    Difficile de dresser une liste exhaustive, mais commençons peut-être par les petits potins.

     

    I- Ma relation avec Kevin : évolutions et réalisations

    Maintenant que je me relis, je remarque une certaine déformation professionnelle en lien avec mes fastidieuses études juridiques. Je déteste ça. 

    C'est bien l'un des points les plus positifs. Longtemps, et même encore un peu aujourd'hui, j'ai été ce cœur libre et léger en recherche de conquêtes triviales. J'ai néanmoins réussi à trouver un partenaire qui m'a permis de surpasser mon irrémédiable peur de l'engagement. Cela n'a évidemment pas été sans embuche, ni sans doute. J'en suis constamment accablée, comme il m'est coutume, et comme sans doute il doit l'être pour les jeunes personnes de 21 ans. 

    Néanmoins, j'ai pour la première fois réussi à entre-apercevoir une partie de l'idéal d'une relation parfaitement monogame et saine en la nôtre avec Kevin. En le trompant quasiment. On ne peut pas être parfait écoutez ! 

    Laissez-moi vous raconter brièvement. Sans doute ne m'étais-je jamais épancher sur la personne de Dylan, un homme kabyle parfaitement dans les normes. Drôle, charismatique, irrésistible et absolument archétypal de la personnalité du Lion, j'étais, en 2018, tombé sur son inexorable charme de mâle alpha touchant. Histoire bien trop longue et difficile pour être narré, surtout qu'elle repose après tout dans ma tête, mais il m'a recontacté à maintes reprises pour me déclarer sa flemme et exprimer les regrets de son rejet. Si les deux hommes n'ont rien à voir, je crois saisir, dans mon histoire avec Dylan et Tiziano, des problématiques similaires : un terrible timing et la semi-compatibilité avec ma manière de percevoir les relations, semi-compatibilité néanmoins suffisante pour me faire oublier leurs repoussants défauts. 

    Dylan m'avait ainsi contacté après un doux séjour à Annecy pour que l'on se revoit. Après une errance absolue dans le doute, j'ai décidé d'accepter sans rien attendre d'exceptionnel et en me répétant le fameux crédo hédoniste : "laisse libre cours à tes désirs". Le rendez-vous s'était soldé par de multiples tentatives de baisers que je n'acceptais jamais de recevoir, jusqu'aux dernières minutes. Dylan avait alors eu un dernier éclat de conscience en rejetant ma demande et en me délivrant ainsi de la pitoyable agonie de culpabilité qui allait m'ensevelir dans le cas contraire. Merci à lui. 

    Dans mon doute permanent, à croire que j'étais soudainement devenue avide groupie de Descartes, j'avais décidé de renouveler l'expérience, sans pour autant être convaincue que le côté hédoniste et égoïste de ma personnalité allait prendre le dessus. Bien heureusement, il ne put achever son seul objectif. Après de multiples reports de ce second rendez-vous, j'ai finalement convenu que tout cela ne valait pas la peine ; surtout, que cette histoire n'était pas seulement celle de ma culpabilité. J'ai finalement réalisé que, non seulement mon amour pour Kévin était suffisant pour réprimer sans peine ces pulsions, mais que c'était, de sucroît et de manière tout à fait inattendue, l'acmé de ma réalisation de la relation que j'avais construite avec mon partenaire. La très fameuse - et autrefois tant redoutée - maxime du : "Une relation, c'est comme un projet" venait finalement de se matérialiser. De trouver un sens. Je comprenais, pour la première fois, le sens de cette synthaxe que je méprisais jadis. Quelle intéressante réalisation ! 

    Ainsi, j'ai décidé d'arrêter cette planification permanente sur ma relation avec Kévin. Bien sûr, et comme le cycle de la nature l'impose, elle trouvera une fatale fin. En attendant, j'ai décidé de profiter de chaque moment et de poursuivre la formidable construction de la pyramide de notre relation. Une pyramide faite de concessions, de libido parfois bridée et de cocon rafraîchissant. Peu importante où tout cela nous mène, voici ma seule certitude : elle est ma véritable première relation d'adulte. 

     

    II- Prendre un nouveau départ 

     Voilà que j'ai intégré un tout nouveau cursus, issu une nouvelle fois et sans doute de mon impulsivité du moment : l'informatique.


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  • Bonjour à tous,

    Je suis actuellement en cours sur la Mésoamérique, ainsi je me suis dit que le journal serait le réceptacle de mon ennui - voire de mon désespoir de me retrouver assise sur cette chaise en bois raide et arthrosique. 

    Cela fait un petit temps que je ne me suis pas attardée par ici. Et pour cause, j'ai pu, pendant ce bon délai de 6 mois, faire en sorte de régler plus ou moins mes problèmes d'anxiété.

    Commençons par là. Je suis passée par ce qui serait aisément qualifié "la pire période de ma vie". J'avais peur de tout. Mes sens étaient modifiés par certaines crises ponctuelles de dép. J'avais perdu absolument tout mon essence. Toutes les choses qui éprouvaient autrefois mon intérêt, mon inexorable curiosité, n'étaient devenus que des tremplins à la crise d'angoisse. 

    Disons qu'à présent, c'est plus ou moins réglé, bien que je ne puisse pas cacher que je doive encore régler certains traumatismes avec moi-même. Néanmoins, c'est bien évidemment absolument dérisoire quand je compare ces ignominies à ce que j'ai pu vivre de janvier à septembre.  

    Est-ce que j'aurais pu éviter cette irrépétible zumba ? Bien évidemment. Disons que des défauts que j'ignorais jusqu'à présent tendent largement à refaire surface lorsque j'étais anxieuse. Si je n'avais pas la fâcheuse manie de vouloir  planifier, penser, analyser chaque détail en permanence, je n'aurais sans doute pas passer des mois coincées dans la spirale infernale du trouble anxieux. Le bon point, c'est que j'ai pu réaliser mes limites, me reconnecter davantage à ce qui me tenait à coeur, et contrôler ces terribles défauts qui font de moi une "control freak" à la limite du supportable.  A l'heure où j'écris ce billet, je ne sais pas exactement si cette longue période de noyade a réussi à m'apporter quoique ce soit. Si elle a réussi à me renforcer. J'ai peut-être appris davantage à lâcher prise, c'était d'ailleurs la maxime que je me répétais comme une litanie quand je faisais une crise d'angoisse. "Lâche prise". J'ai d'ailleurs pu réaliser de façon très paradoxale, qu'il était extrêmement difficile de lâcher prise. En attendant, pour l'instant, je sens encore certains effets de l'anxiété sur moi bien qu'ils relèvent davantage du stress ambiant dont mon cursus universitaire est le créateur, que des résidus de mon trouble anxieux passé. Peut-être ainsi y aura-t-il une mise-à-jour sur les effets bénéfiques de ce dernier dans les prochains mois - s'il y en a. S'il n'y en a pas, cette période aura simplement été une mauvaise passe de mon existence. 

    Maintenant, parlons d'autre chose. Je ne pourrais sans doute pas parler de ce dont je vais vous parler à qui que ce soit, parce que j'ai plus ou moins le pressentiment que c'est une émotion temporaire.

    Dans deux jours, cela fera six mois que je suis en couple avec Kevin. On pourrait d'ors-et-déjà relever la prouesse que cela représente. C'est ma plus longue relation depuis environ 5 ans, les autres se limitant à quelques semaines, puis une séparation en de bons termes justifiée par un simple manque d'intérêt pour l'autre.

    Si j'aime profondément Kevin, j'entrevois des dysfonctionnements qui, sur le long terme, pourraient réellement mettre en péril notre couple - que je chéris tant pourtant.

    A) Son manque d'ambition

     

    B) Son manque de motivation

     

    C) Ses comportements enfantins


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